URBANISTE & DESIGNER
CONCEPTION PAR LE CLIMAT EN



Comment transformer des plantes invasives en ressources pour l’architecture ?



Illustration


J’ai eu le plaisir d’organiser un workshop avec les étudiants du Diplôme National des Métiers d’Arts et du Design (DNMADe) du lycée Joseph Vallot à Lodève, au nord de Montpellier. L’idée était de fabriquer une structure d’ombrage légère en canne de Provence, une plante considérée comme invasive et très abondante dans la région méditerranéenne.

La canne de Provence (Arundo donax) se développe principalement dans les terrains humides (bord de ruisseau, de fossés ou de rivières), mais supporte très bien la sécheresse une fois implantée. Elle colonise souvent les ripisylves (les bordures des zones humides) par rejets successifs, grâce à sa vitesse de croissance très élevée et son excellente résistance aux parasites. Elle figure dans la liste des cent espèces envahissantes les plus nuisibles du monde de l'Union internationale pour la conservation de la nature.

Jusqu’au XXe siècle, la canne de Provence était traditionnellement exploitée et utilisée pour réaliser de nombreux aménagements paysagers comme des palissades, des fascines ou des clayonnages. Une fois plantée, on s’en servait aussi comme haie brise-vent pour protéger les cultures. Cependant, l’utilisation de ce matériau biosourcé abondant a décliné, au point qu’il est difficile de trouver les outils pour transformer la canne de Provence.

C’est notamment le cas des fendoirs, qui sont des coins en bois dur et lourd avec quatre biseaux, qui permettaient de fendre la canne de Provence et qui sont introuvables dans le commerce. Les fendoirs de vanniers vendus sur les sites spécialisés sont trop fragiles et manquent d’inertie. Pour les besoins de ce workshop, j’ai donc été obligé de fabriquer un fendoir sur la base de modèles conservés dans des écomusées (image de droite).

Soucieux des enjeux de réemploi, j’ai utilisé un ancien montant de lit en noyer trouvé dans une ressourcerie locale de matériaux de construction. Cet exemple du fendoir montre que l’utilisation low-tech de certains matériaux biosourcés oblige à redécouvrir et à réinventer des outils oubliés.



Sources : D.Benibghi (dernier vannier de Vallabrègues), Wikipedia, Atelier MARE.

Images : C. Gaillard






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