URBANISTE & DESIGNER
CONCEPTION PAR LE CLIMAT EN



Faut-il impérativement changer ses fenêtres simple vitrage ?



Illustration


Du point de vue thermique, tout le monde s’accorde pour dire qu’un simple vitrage génère des déperditions colossales et isole à peu près aussi bien qu’une feuille de papier.

Dans un simple vitrage, la résistance superficielle des deux faces du verre contribue plus à l’isolation thermique que la seule résistance du verre, c’est dire son inefficacité. Tout le monde s’accorde aussi sur le fait qu’un simple vitrage crée un effet de paroi froide particulièrement désagréable à proximité, ce qui est déplorable pour le confort thermique d’hiver et génère de la condensation.

Pourtant, si l’on change de regard, le fait que la condensation soit localisée sur un vitrage et pas au niveau d’un pont thermique caché dans l’enveloppe est relativement favorable, car elle est visible et peut-être facilement absorbée. Avant la généralisation du double vitrage, il était courant de mettre une serviette ou un chiffon en contrebas d’une fenêtre pour récolter l’eau condensée en hiver. Le simple vitrage avait alors la fonction d’un collecteur d’humidité et permettait de déshumidifier l’air intérieur à peu de frais.

Mais qu'en est-il de l’inconfort et des déperditions thermiques ?

Traditionnellement, les ouvertures étaient toujours protégées par des contrevents à l’extérieur et des rideaux ou des volets (voire les deux) à l’intérieur. Les rideaux et les volets intérieurs permettaient de limiter la sensation de paroi froide et contribuaient modestement à améliorer la résistance thermique de l’ouverture.

C’est l’architecture moderne qui a généralisé le pan de verre nu en simple vitrage, sans rideaux ni volets intérieurs. Si vous visitez les premières constructions de Le Corbusier, comme celles de Pessac près de Bordeaux, vous verrez qu’il adorait les grandes fenêtres en bandeau en simple vitrage dans les pièces chauffées. L’architecture moderne a laissé croire qu’un vitrage simple pouvait fonctionner seul et a soigneusement éliminé tous les éléments complémentaires.

Bref, l’idée n’est pas de réhabiliter le simple vitrage en tant que tel. J’essaie de défendre le fait qu’on peut regarder différemment ces points de faiblesse hygrothermique dans une perspective low-tech.



Sources : Maison paysannes de France, Jean-Marc Bernard

Image : Unsplash, Richard Stachmann






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