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Savez-vous qu’un revêtement blanc peut réchauffer et aggraver l’inconfort thermique ?



Illustration


On voit passer de plus en plus de publications et de vidéos consacrés aux revêtements à albédo élevés, qu’il s’agisse des peintures de type « Cool Roof » conçues pour les toitures ou des revêtements de sol clairs.

L’albédo permet de mesurer la quantité d’énergie solaire qui est réfléchie par une surface : plus il est élevé, plus la surface est claire et renvoie une fraction importante du rayonnement solaire, à la manière d’un miroir.

À l’inverse, plus l’albédo est faible et plus l’énergie solaire est absorbée par la surface et la réchauffe.

On comprend intuitivement l’intérêt d’un albédo élevé pour limiter le réchauffement des surfaces minérales et lutter contre le phénomène d’îlot de chaleur urbain.

Cependant, le recours à un albédo élevé n’est pas une solution miracle pour lutter contre l’inconfort thermique en période estivale et peindre toutes nos villes en blanc est loin d’être souhaitable.

En plus de demander un entretien régulier afin de rester clairs, les sols et les rez-de-chaussée de façade ayant un albédo élevé peuvent générer un stress thermique pour les piétons en journée : en plus du rayonnement direct, celui-ci reçoit le rayonnement solaire réfléchi par les surfaces claires alentour, ce qui peut augmenter l’inconfort thermique ressenti en été.

Une étude publiée en 2014 a montré que le stress thermique ressenti par les piétons était le plus élevé dans les rues dont le traitement de sol et les façades bénéficient d’un albédo élevé (0,7) par rapport à celles qui bénéficient d’un albédo moyen ou faible, indépendamment de leur morphologie, de leur orientation et du climat.

Cette étude n’intégrait pas l’éblouissement et l’inconfort visuel qui peut aussi être produit par des revêtements clairs (stabilisé, dalle de pierre, etc.).

Ainsi, le recours à un albédo élevé pour les places, les trottoirs ou les toitures-terrasses exposés au rayonnement solaire direct n’est pas souhaitable et doit être soigneusement étudié, par exemple à l’aide d’outils de simulation comme ceux de SOLENEOS.

Si « l’albédo est une notion essentielle pour renforcer à peu de frais notre adaptation au changement climatique » comme le rappelle à juste titre Raphaël Ménard, il importe de bien maîtriser son utilisation pour ne pas aggraver l’inconfort de certains espaces publics en période estivale.

Il n’y a pas de solution miracle pour rafraîchir nos villes !



Sources : E. Erell, D. Pearlmutter, D. Boneh, P. B. Kutiel.

Image : Université Paris 1, ENVCAL






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